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Gri(smé)moire
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5 avril 2011

Contre le sectarisme lacanien et le tout psychothérapeutique

La critique récurrente des "psychothérapeutes" qui ne pourraient être à la fois "lacanien" et "psychothérapeute" n'est certes pas fausse mais n’est pas nécessairement vraie.
Pour autant, cela implique-t-il qu'à être "lacanien" on soit, de fait, "psychanalyste" ?
L'argument porté par l'interview de Jacques Lacan par Jacques Alain Miller (voir le débat filmé - non expurgé - par philosophie magazine concernant l'affaire Onfray et la pétition d'analystes demandant d'interdire ce dernier d'audience sur une radio publique) me semble relever d'un dogmatisme et d'un psittacisme lacanien qui, curieusement, renforce l'idéologie gestionnaire hospitalière actuelle.
Pour s'en convaincre nul besoin de comptabiliser les services se réclamant encore de la psychanalyse au sein de l'hôpital public où des praticiens tentent régulièrement de conjoindre l'impossible : être "lacanien" et "psychothérapeute" (si tant est que l'on soit l'un ou l'autre de façon aussi binaire, ce que contredit la clinique). Nous voilà donc à bonne enseigne, nous, "psychothérapeutes d'inspiration psychanalytique" : exclus de part et d’autre. Peu importe, somme toute, puisque suivant Lacan,  « ça rate aussi, vous savez, ça ne joue qu’entre les deux. C’est la tracasserie qui compte » ( J. Lacan, Les non-dupes errent, Leçon du 19.03.1974).
A l’évidence, si l'issue du particulier est d'être un "self-made-man" comme le concède généreusement ledit Miller à Onfray, on ne peut que comprendre les difficultés que ressentent nombre d'analystes dans leur exercice au vu de la « crise » actuelle. La psychanalyse est-elle une pratique exclusivement libérale ? Reste(rait) donc à conquérir des parts de marché… Tous n’ont pas ce « talent » et, si certains – plus jeunes – se retrouvent soumis à la nécessité de devoir se dire ou s’inscrire dans le registre des « psychothérapeutes », cela ne justifie en rien une « excommunication ».
   
L'excellent résumé de Yann Diener concernant le bel ouvrage de Guy Le Gaufey  "Le pastout de Lacan" (« L’RSI de cas contre les vignettes cliniques. A propos du livre de Guy Le Gaufey, Le pastout de Lacan : consistance logique, conséquences cliniques », in Essaim 2007/2, n°19) qui corrobore la position de Guy Le Gaufey vis-à-vis des psychothérapies sans que ce dernier ne puisse produire un exemple crédible de clinique dite « maximale » (ni Freud, ni Michel Gribinski – un psychanalyste non « lacanien » - le « rare » exemple de clinique maximale d’après cet auteur ) et soutienne que : « après un siècle de prolifération, on peut affirmer que ce savoir (psychanalytique) est extraordinairement peu cumulatif. Qui pourrait prétendre encore avoir ajouté une pierre à l’édifice freudien ? » (Guy Le Gaufey p.115) aurait pu inciter Yann Diener à appliquer la particulière maximale à une assertion, pour le moins, totalisante : « On ne peut-être lacanien et psychothérapeute ».

Est ce à dire que : "aucun lacanien n'est psychothérapeute" équivaut, suivant le carré de la particulière maximale, à "tous les lacaniens sont psychothérapeutes" ?
Deux assertions également en contradiction avec les deux particulières équivalentes : "quelque lacanien est psychothérapeute" et "quelque lacanien n'est pas psychothérapeute" ?
Tentons d’être « lacanien » et restons dans la particulière maximale : « quelque lacanien est psychothérapeute » et « quelque lacanien n’est pas psychothérapeute » sont deux assertions vraies au même titre que : « quelque lacanien est psychanalyste » et    « quelque lacanien n’est pas psychanalyste »…

Osons donc être « pastout lacanien » (« j'ai posé d'autre part que c'est du pas-tout que relève l'analyste » J. Lacan, Note italienne) et d’occuper, parfois, la place de l’analyste... pour un(e) qui vous engage dans cette position.
 
 
Daniel Blondet

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